Interview de Sandra Boissonnade Directeur général délégué pour L’Agefi hebdo

Le portage de stock est un service rarement proposé par les banques et Atlantiq, une jeune fintech de 7 ans, s’est emparée du sujet. Non sans ambition puisqu’il ne s’agit pas seulement pour elle de reprendre le stock pour alléger d’autant le bilan de ses clients. Cette intervention s’inscrit dans un cadre plus vaste d’une gestion des flux financiers et administratifs liés aux achats et aux ventes, depuis la réception jusqu’à l’émission des factures.


L’amélioration du besoin en fonds de roulement (BFR) qui en résulte est d’autant plus nette que la démarche s’appuie sur une expertise métier et aussi technologique. De fait, avant d’intervenir,la société analyse au plus près, en délais et en volume, les paiements et encaissements de ses clients, la composition des stocks et l’ancienneté des marchandises…

Les informations servent à élaborer un modèle sur mesure pour chaque client. « Notre leitmotiv est la ‘digitalisation’, l’automatisation, l’innovation. Nous modélisons l’activité de nos clients et créons des algorithmes pour guider notre intervention par des règles précises, explique Sandra Boissonnade, directrice générale d’Atlantiq. Nous dématérialisons les factures et toutes les données entrantes dans notre plateforme ou sortantes de cette dernière, de façon à accélérer et sécuriser les process, et ainsi réduire les coûts et les délais. » Créée à partir d’une branche du groupe de logistique Staci, la société se consacrait au départ aux PME souffrant de problèmes de BFR. A présent, elle compte dans sa clientèle des grands groupes comme Geodis, PSA, Orange, Relay, Sodexo, Fnac et même… une banque, BNP Paribas, pour le traitement des factures émanant de son réseau d’agences.

Pour refinancer le volet de financement de son activité, comme le portage des stocks, la start-up dispose de partenaires financiers, notamment CM-CIC Factor et la Bred, cette dernière étant entrée au capital en octobre 2015. Les engagements toujours sécurisés de la start-up rassurent les partenaires. «L’ensemble de nos interventions bénéficient d’une couverture des risques : le portage de stock est assorti d’une clause de rachat en cas d’accroissement du stock au-delà d’une limite en valeur et rotation fixée au départ, illustre Sandra Boissonnade. Le risque sur l’entreprise cliente ou ses clients facturés par Atlantiq est couvert par une assurance crédit. Un changement de notation nous ouvre le droit de nous faire racheter tout ou partie du stock par l’entreprise. »


Les offres des banques peu adaptées

Les clients sont souvent des entreprises en réseau, avec un cycle d’exploitation long. Tel est le cas par exemple de French Boat Market, qui importe des bateaux pour les vendre via un réseau d’une trentaine de concessionnaires. Or ces derniers, pour attirer les clients, ont besoin d’exposer les bateaux, souvent pour plusieurs mois. « Alors que j’escomptais à 120 ou 180 jours les bateaux vendus par French Boat Market aux concessionnaires, la loi de modernisation de l’économie est venue mettre fin à ce système, indique Lionel Vergnes, directeur de la société. Or les concessionnaires ne peuvent supporter le portage des bateaux qu’ils exposent en magasin. »

Face à des encours financiers qui s’accumulent très vite du fait de la rotation lente des stocks, les offres des banques ne sont pas adaptées. « Le financement de créances des banques est calé sur la LME, déplore Lionel Vergnes. Le crédit n’est pas non plus la solution, compte tenu de la durée très variable de détention des bateaux par les concessionnaires. L’intervention d’Atlantiq s’en différencie car elle repose sur un rachat des bateaux, toutes les formalités administratives d’immatriculation étant faites en conséquence, ce qui garantit la société contre la fraude. Le risque sur le concessionnaire est couvert par l’assurance-crédit. Certes, le système de financement par Atlantiq est relativement lourd, impliquant un contrat pour chaque bateau, mais il a le mérite d’alléger le bilan du concessionnaire, résume Lionel Vergnes. Avec un prix d’environ 4 % par an, outre 1,5 % d’assurance-crédit, les conditions restent compétitives dans une conjoncture de taux très bas. »

Prochaine amélioration en vue pour la start-up, industrialiser l’offre de financement faite aux fournisseurs grâce à un portail de suivi mis au point à son intention par Kyriba. « Notre structure de trésorerie, positive, nous permet de proposer un service de paiement anticipé des fournisseurs moyennant escompte, grâce à la mutualisation de nos opérations, et à l’accès à une multitude de fournisseurs dans le cadre de nos contrats de gestion », explique Sandra Boissonnade. Un partenariat avec un financeur et des investisseurs est en projet, permettant d’assurer le financementde ce service dans la durée.

Les chiffres clés d’Atlantiq :
35 millions d’euros actuellement stocks portés.
45 millions d’euros de stocks portés prévus fin 2017.
85 millions d’euros en capacité de financement.

La plate-forme traite actuellement :
200.000 factures clients.
50.000 factures fournisseurs.
Article rédigé  par Frédérique Garrouste pour L’Agefi hebdo.

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